« Que chacun découvre la beauté de son être profond, qu’il est unique, et que chacun a une mission et que personne d’autre ne peut faire à sa place. »
« Que chacun découvre la beauté de son être profond, qu’il est unique, et que chacun a une mission et que personne d’autre ne peut faire à sa place. »
Extrait du discours de la mère de Jacqueline pour ses 25 ans de son entrée dans la vie religieuse :
« Il était une fois une petite fille feu follet. Vers 15 ans, elle disait qu’elle voulait être religieuse, étonnant ! Puis au courant de l’année 1960 (elle avait 20 ans) : “Cela t’ennuierait-il, si j’entrais au Sacré-Cœur ?” J’étais stupéfaite, consternée, (il y avait la clôture à cette période). Je lui ai dit : “Entre vite pour pouvoir sortir vite”. « Et je remercie tous les jours le Seigneur de lui avoir donné, comme grâce, cette Vocation. »
Jacqueline est née à Bruxelles, dans une fratrie de deux frères et une sœur et elle descend d’une lignée de femmes qui ont toutes été élèves au Sacré-Cœur : mère, grand-mère, arrière-grand-mère, etc. Elle a, elle-même, suivi cette tradition familiale. Jacqueline aime la relation, l’humain, être à l’écoute, échanger dans la simplicité. C’est une sœur dans les deux sens du terme : à la fois dans sa qualité de lien aux autres et dans son engagement religieux. Toute cette vie qui l’habite, elle aime la partager autour d’elle. “Au tout début de ma vie religieuse, j’avais vraiment juste mon cœur, je n’avais pas de diplôme, mais j’aimais être avec les autres.” Tout cela, elle en a fait une véritable vocation : “Aujourd’hui, je peux dire que ma mission de vie est l’écoute et la Présence, à Dieu et aux autres. Cela nous renvoie à nous-mêmes, nous fait grandir.”
A 82 ans, Jacqueline rayonne de Dieu. Elle est toujours pleine d’enthousiasme et de fraîcheur : “Je suis une femme heureuse, et je n’ai jamais remis en doute ma Vocation.”
Jacqueline se remémore une enfance très heureuse dans une famille où on la laissait très libre. Elle se rappelle aussi être une petite fille « pieuse ». Des souvenirs précis lui reviennent comme avoir mis un petit autel à la Vierge dans sa chambre.
L’école du Sacré-Cœur a vraiment été propice à son épanouissement, c’était un endroit chaleureux où elle a pu s’ouvrir. Là-bas, Jacqueline se sentait chez elle.
Un jour, une enseignante pose cette question : « Qui, plus tard, voudrait être religieuse ? » Pensant qu’elle aurait de meilleures notes en répondant par l’affirmative, elle lève la main. C’était vraiment à la grande surprise de tous. Elle se rappelle même avoir persisté dans cette affirmation devant la religieuse qui l’interrogeait.
Autre souvenir important : le test de la foi. Jacqueline était tellement dans cette vie assidue de foi qu’elle voulut expérimenter ce que serait sa vie, sans Dieu. Concrètement, elle se mit à lire des livres à l’index qui étaient alors interdits par l’Église (bien qu’elle ne comprenait guère ce qu’elle lisait). Le vendredi, à la place du poisson, elle mangeait de la viande et le dimanche elle n’allait tout simplement plus à la messe. C’étaient les moyens qu’elle avait trouvés pour se ‘couper’ de Dieu et des traditions religieuses.
Suite à cette expérience, il y eut une prise de conscience : elle se sentait triste sans Dieu. Pour elle, c’était clair, si elle n’était pas heureuse sans Dieu, c’était que Dieu seul pouvait la rendre heureuse. En effet, Dieu seul savait, car elle retrouvait sa joie en étant en lien avec Lui. En priant de nouveau, elle dit à Dieu : « Seigneur, tu sais mieux que moi ce qui me rend heureuse, donc je te fais confiance. Si tu m’appelles à la vie religieuse, je sais que c’est le chemin qui me rendra heureuse. »
Jacqueline avait avec elle, cette image chipée dans le missel de sa mère. Il s’agissait d’une image qui représentait le Christ endolori sous laquelle une annotation écrite à la main, disait : «Il n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime» Jn 15,13. Avec cette prise de conscience, elle se dit : « Jésus tu as donné ta vie pour moi et moi je te donne la mienne ». Jacqueline avait environ 15 ans. Tout cela, elle le gardait dans son cœur, c’était très fort. Vis-à-vis de sa famille, elle était discrète sur ce qu’elle ressentait au fond d’elle.
Plus tard, comme ce désir était toujours là, elle voulut chercher où elle pouvait vivre sa vocation. Elle testa alors le Carmel et les Clarisses, mais cela ne lui convenait pas. Elle repensa au Sacré-Cœur, avec quelques appréhensions. Il se trouve que plus jeune, elle se faisait régulièrement renvoyer quelques jours de l’école car elle avait plutôt un tempérament très libre, un peu ‘perturbatrice’.
Néanmoins, il se trouvait que, plus jeune, elle avait rencontré un franciscain, le père Fabien, lors des retraites organisées par le Sacré-Cœur. Dès 17 ans, elle participait aux fraternités mixtes avec ce franciscain, puis avait fait une retraite vers 19 ans. En revenant vers ce franciscain lors de cette période de discernement, il lui partagea : “J’ai toujours pensé que c’était là, ta place, mais je ne te l’ai pas dit car je voulais que tu le découvres par toi-même”.
Jacqueline avait ressenti très jeune un appel profond pour le Sacré-Cœur, Elle était inspirée par ces religieuses : « Élève, je voyais des religieuses heureuses, joyeuses et des femmes qui priaient”.
Elle finit par rentrer au Sacré-Cœur à 20 ans, c’était en 1960.
La dimension de l’Amour est importante pour Jacqueline : “Je résumerais cet Amour du Cœur du Christ, par combien chacun est aimé tel qu’il est et pas seulement pour ce qu’il a fait. Jacqueline n’a qu’une envie : «Prendre l’Amour du Cœur de Dieu, et le verser chez les personnes qu’elle rencontre ». Il y a un passage des Constitutions de la congrégation, qu’elle affectionne particulièrement, “Dans la détresse de l’humanité se trouve la profondeur de l’Amour de Dieu » (n°8) ainsi que dans l’Evangile :“Je suis doux et humble de cœur”, Mt 11, 29. Jacqueline ajoute : “L’identification très forte de Jésus avec les autres, c’est inexplicable : “Tout ce que vous faites aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait”, Mt 25, 40. Cette relation avec Dieu, c’est une réponse à un Amour, de quelqu’un qui a donné sa vie pour moi. En vivant, ce que j’expérimente, cette relation proche avec le Seigneur, j’expérimente la réciprocité d’amour.”
“Mon plus grand désir pour les jeunes est qu’on les écoute. Les écouter jusqu’au bout, sans jugement. Écouter vraiment n’est pas quelque chose de facile. Par exemple, j’ai écouté une jeune en prison pendant pratiquement deux heures. A la fin, la jeune avait toutes ses réponses, sans lui avoir dit quoi que ce soit. Être écouté, c’est la possibilité de ‘se dire jusqu’au bout’.
On est souvent coupé par des conseils. Aider le jeune à découvrir ce qui est le meilleur pour lui.”
“Que chacun découvre la beauté de son être profond, qu’il est unique, et que chacun a une mission et que personne d’autre ne peut faire à sa place.”