Quand je lis ce chapitre de l’encyclique, je me réfère à une mosaïque moderne qui orne le baptistère de l’église de St Maurice d’Agaune en Suisse et qui résume, pour moi, ce qu’est le Sacré-Cœur. En se référant à la vision de l’Apocalypse, cette mosaïque montre, dans une lumière d’or, le Christ Agneau sur une croix de gloire et debout sur le livre aux 7 sceaux. Il se tient au cœur de la Jérusalem céleste, l’Eglise. De la plaie de son cœur ouvert jaillit un fleuve d’eau vive qui se répand en 4 branches aux quatre dimensions de la terre. Cette eau vive abreuve deux personnes qui s’y désaltèrent en fixant l’Agneau. Et la vie en jaillit, donnant fleurs et fruits sur deux arbres. C’est « l’amour qui donne à boire » et qui fait vivre, selon le titre de cette partie de l’encyclique que je retrouve dans cette mosaïque que j’ai plusieurs fois fait visiter à des groupes.
Et je lis cela en reprenant les textes de divers théologiens cités par le Pape :
- St Anselme : il présente la poitrine du Christ comme « symbole de l’union intime avec Lui, comme lieu de la rencontre d’amour ».
- St Jérôme : Une personne capable de contempler ne « jouit pas de la beauté des cours d’eau, mais boit l’eau vive du côté du Seigneur ».
- St Bernard : « Je prends avec confiance ce qui me manque dans les entrailles du Seigneur, car elles débordent de miséricorde et ne manquent pas d’ouverture par où jaillir ».
- Guillaume de Saint-Thierry : Le cœur du Christ est le lieu où l’amour règne en plénitude : « Heureux ceux qui, plongés dans ces profondeurs, ont été cachés par Toi dans le secret de ton cœur ».
- St Bonaventure : il propose que la contemplation du cœur du Christ devienne une relation d’amitié, une rencontre personnelle d’amour. « Afin que, du côté du Christ endormi sur la Croix, l’Église soit formée ». La blessure du cœur « serait désormais, pour ceux qui vivraient dans le Christ, une coupe [puisée à] la source vive qui jaillit pour la vie éternelle ». Celui qui boit est un ami du Christ, un cœur qui aime.
- Ste Catherine de Sienne : « Le Cœur ouvert du Christ nous offre la possibilité d’une rencontre réelle et personnelle avec beaucoup d’amour : « J’ai voulu que vous voyiez le secret de mon cœur, en vous le montrant ouvert afin que vous voyiez que je vous aimais plus que ne pouvait le montrer la souffrance finie »
- St François de Sales : « Que ce Ciel est beau maintenant que le Sauveur y sert de soleil, et la poitrine d’icelui d’une source d’amour de laquelle les bienheureux boivent à souhait ! Chacun se va regarder là-dedans et y voit son nom écrit d’un caractère d’amour que le seul amour peut lire, et que le seul amour a gravé ».
Françoise Rollin, rscj