Cette lettre datée du 10 mars 1864 et adressée à toute la Société nous montre, une fois encore, l’intuition lucide et prophétique de Madeleine-Sophie dans le domaine de l’éducation. En cette seconde partie du XIXème siècle, toujours au fait des bouleversements de la société, elle n’a de cesse de répéter : « Les temps changent, il faut aussi modifier et changer ».

Dans cette lettre circulaire adressée à toute la Société, dès les premiers paragraphes, Madeleine-Sophie exprime toute sa gratitude envers ses Mères, Filles et élèves qui ont ardemment prié pour son rétablissement et « pour obtenir du Cœur de Jésus que je puisse les revoir encore, travailler pour leur bien ».

Durant « ces longues heures d’une solitude forcée, dans cette série de nuits sans Seigneur », elle rassemble toutes ses forces pour « réunir notre Conseil Général » d’où le ton impérieux de cette lettre avec, son corollaire, le champ lexical de l’urgence « devoir impérieux« , « prescrivent« , « vigueur« , « corroborer« , « ne point retarder davantage« . Elle annonce que le travail sera « considérable, difficile, ardu même« , la gradation amplifiant sa grande préoccupation. Elle a cette lucidité formidable « il ne faut pas se le dissimuler« , appelant à une renouvellement exigeant mais fidèle, puisque « exigence croît tous les jours« .  Alors « certaines modifications, certains perfectionnements deviennent indispensables ». 

Elle a pleinement conscience que « l’éducation n’est plus ce qu’elle était il y a un certain nombre d’années ; la multiplicité d’institutions qui font de grandes concessions aux tendances de notre siècle, fait qu’on nous trouve arriérées ». Aussi puisqu' »il nous faut […] revoir notre plan d’études pour le modifier ou le compléter » elle demande l’avis de toutes « maîtresses des études » « Mères Supérieures et leurs conseillères » pour en tenir compte et leur demande à toutes une participation active « Je tiens à ce que les maîtresses des études et autres qui auraient quelques observations à faire à ce sujet, nous les envoient d’avance par écrit. » 

Dans la dernière partie de la lettre, le ton est plus apaisé, le champ lexical « qu’il me sera doux […] calme […] repos […] parfait accord […] union […] heureuse » tranche avec le début qui était dans l’urgence et l’inquiétude. Il semble qu’elle soit apaisée à rédiger cette circulaire « je n’aurai plus alors », « je pourrai considérer ma mission comme terminée », « mon âme se sent soulagée »,  « soyons donc plus que jamais unies ». 

Le ton de la fin, plus serein, confère, à cette lettre circulaire une dimension presque testamentaire.