Témoignage de Magda

Magda
Magda

« C'est dans le plus intime de toi-même que se trouve la source de bonheur. Tu découvriras que tu es infiniment aimé.e de Dieu et tu seras capable d'ouvrir ton cœur à l'amour pour tous. »

Quelles sont les missions marquantes dans lesquelles vous avez été impliquées ? 

« Toutes les étapes et missions que j’ai eues sont importantes, car elles ont façonné la personne que je suis aujourd’hui.
Durant l’étape du noviciat, nous avions un stage de service de 3 mois auprès des enfants portant un handicap. C’était la première fois dans ma vie que je découvrais ces personnes, j’ai été surtout très intéressée pour aider un enfants autiste. Sa vie mystérieuse suscitait en moi une grande compassion et un grand désir de découvrir son monde pour l’aider. Cette expérience m’a fortement marquée, mais en 1988 nous n’avions pas encore d’école spécialisée. »

« Après le noviciat vient l’étape de 6 ans de jeune professeure. C’est le début de la vie en mission avec quelques études théologiques. Après 3 ans comme jeune professeure en communauté dans une ville en Haute Égypte au sud (à 100 km de mon village), où je travaillais comme maîtresse de classe CP, la Province décide d’ouvrir une école d’éducation spécialisée. Dans les années 90 ces écoles commençaient juste à apparaître avec des initiatives de CARITAS – Égypte. La provinciale qui se souvenait de mon expérience avec l’enfant autiste, m’a proposé si je voulais faire des études dans l’éducation spécialisée. J’ai dit “oui”, et elle a décidé de m’envoyer en France car ce genre d’études n’existait pas encore en Égypte. »

« Après deux ans de riche expérience en France, je retourne en Égypte passer une année de convalescence après un très grave accident de voiture. En 1994 j’ai commencé à travailler dans cette petite école spécialisée à Héliopolis. Je suis restée 10 ans dans cette école. Ces années ont été les plus riches années de mission que j’ai eu dans ma vie. Travailler auprès des enfants portants certains handicaps, et le lien avec leurs parents, était une Grâce de Dieu pour moi, et pour toute l’équipe. En effet ces enfants autistes, trisomiques, hyperactifs ou avec des troubles de langage, d’attention et de concentration, portaient en eux aussi toutes les valeurs humaines que nous (‘les normaux’) nous risquons fort de perdre. Leur fraîcheur, innocence, simplicité, vérité des sentiments, l’amour et la bonté du cœur nous faisaient montrer le meilleur de nous-mêmes pour chercher comment les aider de mieux en mieux. En accompagnant leurs parents, j’ai toujours été évangélisée par leur foi et leur confiance en Dieu, et cela que ce soit chez les familles chrétiennes ou musulmanes. » 

« Après ces 10 ans, il fallait changer un peu de mission, et j’ai commencé à travailler avec les petites de notre école primaire à Ghamra (Le Caire). Ça a duré 6 années, interrompues par deux ans d’étude et de service à l’intérieur à la Société. Avec les enfants de l’âge de 6 à 9 ans j’ai été heureuse de voir comment elles grandissaient, et s’épanouissaient, entourées dans leurs activités et études, par l’amour de toute l’équipe que nous formions. Être éducatrice pour les enfants qui ont des problèmes ou des enfants de primaire, c’était un bonheur pour moi. J’ai reçu d’eux beaucoup plus que ce que j’ai pu leur donner, ils m’ont appris le vrai amour, la confiance, la souplesse, et la capacité de s’émerveiller de tout ce qui est beau, et beaucoup d’autres valeurs.«   

« En 2012 la mère générale m’a demandé d’aller étudier une année au Canada pour me préparer au service de provinciale pour notre province d’Égypte.  À mon retour j’ai exercé ce service pendant 6 ans de 2013 à 2019. Quand j’ai fini, j’ai été un an et demi à Chicago. »

« Aujourd’hui, ici, à la Courneuve,  je suis heureuse de partager la vie avec mes Sœurs, dans cette belle fondation d’une insertion où les habitants sont de multiples nationalités. J’aime beaucoup cette dimension internationale qu’on voit partout, dans les rues, les transports, les magasins, les églises,…   Nous avons de très belles rencontres avec les musulmans. Nous arrivons à partager entre nous notre prière, notre relation avec Dieu, et comment chacun selon sa foi, pratique l’Amour envers Dieu et les autres. La paroisse où nous sommes engagées est aussi multiculturelle avec une communauté très vivante et fervente dans sa foi.  J’ai aussi retrouvé une école primaire où je travaille avec l’âge que j’aime bien : les petits des classes primaires. Je prends les enfants en difficulté dans la classe pour les aider et aussi aider leur maîtresse. Ce petit service me donne beaucoup de bonheur, surtout quand je vois les progrès que l’enfant arrive à faire. »  

Comment vivez-vous la spiritualité du Sacré-Cœur au quotidien?

« J’essaye de vivre au quotidien une RÉPONSE d’amour renouvelé, celle de vivre notre Charisme de « DECOUVRIR et de TÉMOIGNER  L’AMOUR DU COEUR DE JÉSUS”. »

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Une réponse
dans la prière de tous les jours à l’invitation de Jésus qui veut me révéler ce qui est pour moi et pour le monde : “Dans la prière Jésus nous appelle à une rencontre personnelle  avec lui, il veut nous faire connaître les sentiments et les préférences de son cœur” Constitution (des Religieuses du Sacré-Coeur) ,18. »

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Une réponse
d’amour dans la rencontre des autres avec les mêmes dispositions du Cœur de Jésus “Saisi par l’Amour qui est dans son cœur, nous cherchons à faire grandir la personne dans sa dignité humaine et d’enfant de Dieu …” Const., 7 `”Aller à la rencontre de l’autre comme un être unique, avec respect, simplicité, affection et humilité,…” Const., 15. »

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Une réponse
d’amour qui m’est possible seulement avec la Grâce de Saint Esprit : “L’Esprit vivant en nous peu à peu nous transforme intérieurement. Avec sa grâce, nous enlevons ce qui fait obstacle à son action. Il nous conforme à Jésus et nous rend sensibles à sa présence en nous-mêmes, dans les autres, dans les événements” Const,21. Comme religieuse du Sacré-Coeur depuis déjà 30 ans, je constatais maintes fois que mon désir de répondre à l’Amour infini de Dieu n’est pas suffisant, même qu’il est ardent. Ce désir se heurte parfois avec le ‘MOI’ qui me fait obstacle. Ce ‘MOI’ est parfois narcissique, et devient ma propre Mer Rouge que Dieu m’aide à traverser. Dieu veut me libérer de tout ce qui m’empêche d’aimer, pardonner, servir, lutter contre l’injustice, consoler, …en toutes ces attitudes se trouve mon vrai bonheur. C’est alors que je chemine humblement jour après jour, car c’est avec l’aide de l’Esprit que je peux témoigner de l’Amour de Dieu. »

« Donner une réponse d’amour en gratitude pour tout ce que j’ai reçu de Dieu et des autres est ma raison d’être comme religieuse du Sacré-Coeur de Jésus. J’essaye de le vivre simplement en me donnant moi-même au service des autres. Dans ma mission par exemple avec des enfants ayant des difficultés d’apprentissage par mon amour et mon savoir-faire, en les accueillant et en favorisant ce qu’ils sont et ce qu’ils peuvent faire. Dans les transports où je rencontre des personnes de toutes cultures, races, religions, couleurs, et cela simplement en échangeant un regard, un sourire, une parole d’amitié. » 

Aujourd’hui nous parlons beaucoup de quête de bonheur, d’épanouissement . Selon vous, à la lumière de votre vie vocationnelle et spirituelle, auriez vous votre propre définition du bonheur?

« La quête de bonheur n’est jamais à l’extérieur de soi, tant qu’on le cherche dans l’accumulation des choses, des activités, des satisfactions passagères, ça ne sera pas le vrai bonheur. On ne va pas trouver son bonheur en dehors de soi, non pas dans le sens narcissique du mot. Le vrai soi est une source où le véritable ‘MOI’ est celui que Dieu aime et a créé à son image au plus profond de chaque être. C’est dans le plus intime de soi-même que se trouve la source de bonheur. Car c’est là où se trouve la demeure de Dieu qui nous ouvre les yeux du cœur pour trouver Dieu en tout et tout en Dieu.   Écoute et cherche la source en toi, ce que tu es, te rendra heureux, par ce que tu vivras en harmonie avec ce que tu es vraiment. Tu découvriras que tu es infiniment aimé.e de Dieu et tu seras capable d’ouvrir ton cœur à l’amour pour tous. Tu goûteras une vraie libération de tout ce qui peut enfermer le ‘faux Moi’ dans l’égoïsme, la rancune, la jalousie, le pouvoir,… Toutes ces maladies du ‘MOI’ qui sont les vraies raisons qui nous empêchent d’être heureux. Je suis sûr que tous, nous avons fait au moins une fois dans notre vie l’expérience de rendre heureux un autre. Il n’y a pas de joie plus grande que celle de rendre heureux l’autre sans retour. Car le bonheur, quand il est partagé, est également multiplié.« 

Un dernier mot, conseil, souhait à partager ?

« Devant la guerre en Ukraine que nous vivons ces jours, je prie pour la paix dans le cœur de chacun, dans les communautés, dans les églises, dans les familles, et entre les religions et les pays. J’ai envie de redire cette phrase de  Gandhi “Le jour où le pouvoir de l’Amour dépassera l’amour du pouvoir le monde connaîtra la paix.” » 

 

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